En octobre 2019, j’ai rencontré Clément lors d’une réunion d’informations au pôle entrepreneuriat de l’Université de Montpellier. Après quelques échanges ensemble, j’ai vu chez lui une volonté forte à construire un parcours qui lui ressemble. Chercheur en sciences cognitives, il nous explique comment la psychologie positive peut améliorer notre concentration.
Temps de lecture : 6 min 🙂
1) Est-ce que tu peux te présenter et nous raconter quel est ton parcours ?
En 2019, j’ai obtenu le titre de psychologue grâce au cursus universitaire que j’ai suivi à Montpellier autour de la psychologie du fonctionnement cognitif et des comportements. Auparavant, j’avais suivi une formation universitaire en préparation mentale et coaching sportif. Lorsque j’ai obtenu ce master STAPS, j’étais satisfait mais pas suffisamment pour pouvoir réaliser mon projet professionnel…
J’ai donc repris des études dans les sciences humaines spécialisées sur le fonctionnement du cerveau, la motivation et la concentration. Tout ce cheminement m’a amené jusqu’à aujourd’hui où en tant que psychologue, je cherche à comprendre comment atteindre un état optimal de performance et de bien-être.
« Le flow est un état de concentration maximale atteint lors d’une activité, pendant lequel on éprouve des émotions positives. »
À côté de ça, j’ai suivi des formations qualifiantes dont une en particulier en psychologie positive. J’étais intrigué et curieux de découvrir cette discipline qui peut nous aider à mieux-vivre. Et j’ai pas mal travaillé dans des clubs sur l’accompagnement et l’évaluation psychologique des sportifs lors de leur compétition européenne. Aujourd’hui, je mène mes recherches sur cet état de flow et recherche une organisation pour continuer en doctorat.
2) Sur quoi portent tes recherches en psychologie positive et quels sont les enjeux de ton activité ?
Pendant mes cours à l’université, j’ai entendu parler du flow en performance sportive et j’ai tout de suite trouvé cela novateur. Le flow est un état de concentration maximale atteint lors d’une activité, pendant lequel on éprouve des émotions positives. Lorsque l’on est motivé de manière intrinsèque, on est intéressé par l’activité et par son plaisir. Il y a donc un équilibre juste entre la perception de soi et l’environnement. Cela génère en nous une motivation forte et nous permet d’être performant grâce à ce contexte bénéfique.
Il faut bien différencier les deux types de motivation, celle extrinsèque qui correspond aux récompenses et aux choses externes à soi et la motivation intrinsèque qui vient de soi et pour son plaisir personnel. Dans le cadre de mon activité et de mes recherches, je m’intéresse justement à cette motivation intrinsèque.
3) Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton métier au quotidien ?
D’après moi, tout peut être optimisé même si l’on est déjà très bon. Mon parti-pris c’est qu’il faut être heureux pour être performant et être performant pour être heureux. Lorsque l’on est en état de flow, on est tellement conscient que l’on est légèrement déconnecté de la réalité. La perception du temps est altérée !
Par exemple, quand on travaille pendant des heures sur un projet, on ne va pas se rendre compte qu’un long moment s’est écoulé. À ce moment-là, on était en état de flow. Je veux donc comprendre comment activer cet état de concentration optimale chez les sportifs de manière à ce qu’ils améliorent leur performance et leur bien-être.
4) Comment fais-tu pour trouver un équilibre entre ton activité de chercheur et tes projets personnels ?
J’ai beaucoup travaillé sur l’équilibre entre la motivation et le stress des pratiquants de sports de combat. Les résultats ont été positifs ; ces sportifs avaient un état de stress bien inférieur à celui qu’ils ressentaient après avoir atteint cet état de flow. On est arrivé à faire baisser leur niveau de stress, sans non plus le mettre trop bas car il faut tout de même garder un degré d’activation optimal, de manière à trouver le point d’équilibre entre motivation et stress utile.
Donc pour répondre à la question, l’équilibre personnel et professionnel, c’est un peu comme l’équilibre entre la motivation et le stress. Je prends régulièrement du recul sur mes implications pour réussir à équilibrer ces deux aspects. Tout est question d’équilibre.
« La psychologie positive permet d’entraîner son cerveau à voir les choses du quotidien de manière plus positives. »
5) Considères-tu qu’apprendre à mieux se connaître est bénéfique pour mieux vivre ?
C’est justement le rôle des psychologues, des coachs certifiés et des psychothérapeutes d’accompagner les personnes à mieux se connaître. Varier les environnements est une très bonne chose lorsque l’on veut se découvrir de nouvelles capacités. Aussi, pour se préparer avant un évènement important on peut utiliser la visualisation. Se projeter en train de réaliser l’action et se voir réussir.
Un autre outil que je recommande aux sportifs que j’accompagne est celui de la fixation de but : on se fixe un objectif final et pour y arriver, on va se fixer des sous-objectifs et éventuellement des sous-sous objectifs. Mais en effet, explorer de nouveaux environnements pour apprendre à mieux se connaître reste un très bon moyen.
6) Qu’est ce qui t’aide au quotidien à prendre les décisions justes et à avoir confiance en toi ?
En début de journée, travailler l’optimisme et la confiance en soi en prévoyant 3 choses positives qui vont m’arriver. Je sais qu’aujourd’hui je vais voir un ami, faire un bon plat ou exercer une activité qui me plaît. Ce sont des petites choses simples mais qui vont me plonger dans un état positif. Une fois que je suis dans cet état positif, je serai plus productif, confiant et prêt à prendre des décisions adaptées.
Différemment, à la fin de la journée je peux faire le bilan des choses positives qui me sont arrivées et les écrire. C’est une technique en psychologie positive qui permet d’entraîner son cerveau à voir les choses du quotidien de manière plus positive.
7) Pour continuer à évoluer sur le plan personnel et professionnel, quelles sont tes aspirations ?
J’espère démarrer mon doctorat avec une fédération ou une organisation sportive autour de mes recherches sur l’état de performance optimale des sportifs. En parallèle, j’ai ouvert mon cabinet de psychologue indépendant pour accompagner les particuliers et sensibiliser les entreprises au bien-être de leurs équipes. Mon offre est souple et ajustée en fonction des besoins de mes clients.
L’adaptabilité est une compétence indispensable aujourd’hui. En m’adaptant aux besoins de mes clients et mieux, en y répondant, je suis sûr de m’épanouir !
8) À toutes les personnes qui te lisent, et qui cherchent à construire leur propre chemin, qu’aimerais-tu leur dire ?
Il faut travailler sur la motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque pour ne pas être dépendant des choses externes. S’entraîner à atteindre cet état de flow en étant dans un environnement social favorable est également bénéfique. Exercez une activité que vous avez l’habitude de pratiquer où la difficulté de la tâche est difficile pour être challengeant, mais pas trop difficile pour être réalisable.
Sachez qu’il n’y a pas de gens « moins motivés », simplement des gens qui ne sont pas dans leur élément où dans ce qu’ils aimeraient faire. Si vous arrivez à trouver quelque chose qui vous plaît, vous vous sentirez compétents et ce sera plus facile. Fixez-vous ensuite des sous-objectifs de manière à atteindre l’objectif que vous souhaitez.