Acteur professionnel depuis une vingtaine d’années, Mickael Collart occupe des rôles tels que Commandant du Raid dans le téléfilm CASSANDRE sur TF1, coach sportif dans la série LA STAGIAIRE sur France2 ou encore militaire dans le long métrage PHENIX sur Amazone Prime. Actuellement au théâtre l’Odéon à Montpellier dans la comédie LES FEMMES SONT FOLLES ; Mickael adore interpréter et jouer sur scène. Dans cette nouvelle interview, il revient sur les moments forts de sa carrière comme acteur professionnel et nous partage quelques belles anecdotes !
Temps de lecture : 8 min 🙂

1) Est-ce que tu pourrais te présenter et nous raconter ton parcours ?
J’ai fait quelques années d’études jusqu’en BTS technico-commercial. C’était le diplôme qui me faisait le moins chier mais je ne l’ai pas obtenu parce que j’ai oublié mon rapport de stage. Ensuite, je suis parti faire des saisons sur les plages et c’est là que j’ai commencé à faire le spectacle. En tant que vendeur de beignet, on doit faire le « show ». Et comme en plus à côté j’étais guitariste dans un groupe de Métal, je suis tombé amoureux de la scène.
Cette année-là, je lis un magazine intitulé « casting magazine » où il y avait des annonces. C’était une édition spéciale, sur les meilleures écoles de théâtres de la capitale. J’ai choisi l’école la plus chère de Paris et j’ai suivi 3 ans de théâtre au cours Florent. Que je n’ai pas terminé non plus parce que la troisième année était trop chiante. Au début de la 3ème année dans les années 2000, j’ai été retenu pour une série où j’avais un rôle principal pour M6. C’est un peu ici que ma vie professionnelle et artistique a débuté.
« Dès que tu arrives à trouver une bonne cadence de travail, que tu connais bien ton métier, son environnement, que tu as des techniques et du bon sens, tout se passe bien. »
Depuis, j’ai arrêté deux fois le métier. Une fois pour faire de l’immobilier car j’en avais assez de la routine du métier de comédien, et car je m’étais marié. Mais au bout d’un an et demi d’immobilier, je suis revenu au métier de comédien…
La liberté de ce métier me manquait car lorsque l’on est organisé, le statut d’intermittent devient un privilège. Dès l’instant où tu te dis « putain j’ai trop de boulot à faire comparer à mon nombre d’heure dans la journée » c’est que t’es soumis au temps. Mais dès que tu arrives à trouver une bonne cadence de travail, que tu connais bien ton métier, son environnement, que tu as des techniques et du bon sens, tout se passe bien.
Après mon rôle dans la série « Même âge même adresse » où je gagnais très bien ma vie, j’ai ensuite eu un parcours avec plus de galères, des petits rôles et de la figuration. Le tout pour faire les 507 heures annuelles et avoir mon statut d’intermittent du spectacle. Entre le Pôle Emploi Spectacle, les petits rôles et les figurations, je tournais entre 1500 et 2000€ par mois.

Avant de pouvoir devenir acteur professionnel, as-tu occupé d’autres postes ?
Carrément. Ce qui est dur pour les métiers d’indépendants, c’est l’autodiscipline et l’organisation. J’ai donc choisi d’arrêter ce métier et de devenir agent immobilier pour avoir plus de cadre.
Je vais te raconter une anecdote. Un jour j’arrive dans une agence immobilière avec un beau costume blanc, j’étais classe, et j’ai dit au gérant : « Voilà Monsieur, moi, je n’ai jamais fait d’immobilier, j’ai fait un BTS technico-commercial il y a une dizaine d’années, depuis je suis comédien, et là j’ai besoin de stabilité. Je sais qu’avec mes atouts en tant qu’acteur je vais apporter à votre société. Je vous demande juste une chose : que vous me mettiez à l’essai pendant un mois ». ll m’a demandé si j’avais déjà vendu j’ai répondu que non. « Mais pourtant vous avez un BTS technico-commercial ? Oui, mais comme j’ai fait du théâtre directement après et que ça a marché, je ne suis pas revenu dans le commerce ».
Après 3 agences, ils m’ont tous répondu qu’ils me prenaient. J’avais le choix entre 3 agences. J’ai commencé chez un indépendant mais le patron était con et parlait mal, alors je suis parti chez un autre. Un super patron qui m’a laissé beaucoup de liberté. J’y suis resté 1 an et demi, avec ma première vente au bout de 3 mois.
Mais au bout d’un moment, travailler 11h par jour avec un manque de liberté, et ma séparation : j’ai quand même pété un câble. J’ai choisi de tout refaire et de redevenir acteur. Mais j’avais perdu mon statut d’intermittent. J’avais malgré tout gagné en autodiscipline, en organisation grâce à mon métier d’agent immobilier, et je me sentais chaud pour reprendre à fond !
2) Quels sont les enjeux et les challenges dans le fait d’être acteur professionnel ?
L’enjeu c’est déjà de vivre de ton métier en étant heureux, de réussir à être épanoui. Car ce qui est difficile dans le métier d’acteur c’est que beaucoup de gens font l’amalgame entre acteur ET star. C’est souvent des choses qui nous sont reprochées « t’as pas percé », « t’es pas connu ». Mais on s’en fou ! C’est un métier où tu peux très bien en vivre sans forcément être connu. Les gens pensent que les acteurs sont forcément identifiés et reconnus. Mais peut-être 1 sur 10 000 le devient.
Il y a toujours cette dualité entre savoir si je veux être comédien pour être connu ou pour en vivre ? Au début t’as les dents longues et la détermination. Honnêtement, je pense savoir ce qu’il faut faire pour être une star. Mais je n’en ai pas forcément l’envie ou le besoin car la quantité de travail, d’ambition et de courage à avoir est considérable… Maintenant, à chacun de déterminer ses objectifs pour commencer.
J’ai la motivation pour gagner 2000€ par mois car ça me laisse de la liberté. Après peut-être que mon ambition changera, mais maintenant je me suis stabilisé et c’est moins de pression professionnelle et sociale. J’ai trouvé mon rythme. Et si un jour je veux mettre un coup de pression et gagner plus, je saurai quoi faire.
3) Qu’est-ce qui te motive le plus en étant devenu un acteur professionnel et pourquoi ?
D’être devant une caméra, sur une scène, j’adore ça. Il y a beaucoup de comédiens qui stressent devant la caméra. Moi ça m’excite et ça m’enjaille de jouer un personnage ! J’aime interpréter, être quelqu’un d’autre que moi, pouvoir interpréter des personnages qui sont mes opposés comme un mafieux, un militaire, un gay ou un fils deup.

On dit souvent qu’un bon comédien est quelqu’un d’expérience. Plus je vieillis, plus j’ai le sentiment de devenir meilleur acteur. Par exemple, quand j’ai commencé et que je devais jouer un bad boy je me sentais obligé de faire grimaces dans tous les sens. Je parlais fort, c’était du surjeux. Maintenant, mon expérience, mes douleurs et mes galères sont inscrits sur mon visage et j’ai moins besoin d’en faire des caisses. Et c’est bien là le seul avantage de vieillir !
4) Comment fais-tu pour trouver un équilibre entre ton activité professionnelle et tes projets personnels ?
J’ai justement choisi un métier qui me laisse du temps. Quand j’agence ma journée, ce que je fais depuis peu : « j’avale le crapaud ». Ça vient du livre et best-seller Eat that frog de Brian Tracy qui dit que dès que tu te réveilles, tu attaques avec la chose la plus pénible à faire. Donc la tâche la plus lourde mais qui va t’emmener le plus proche de ton objectif professionnel : tu la fais en PREMIER. Par exemple en début de journée, c’est l’écriture de ma formation d’acteur qui sera bientôt disponible en ligne. Vous pouvez avoir un aperçu des vidéos conseils que je publie sur ma page Facebook et sur Youtube « décroche ton rôle ».
Pour concilier les deux, j’essaie de fractionner l’importance des ambitions que j’ai. Et ma première ambition pour l’instant, c’est de lancer ma formation. Je ne cherche plus à être une star comme il y a de ça 20 ans en arrière. Je cherche simplement à être heureux dans mon métier d’acteur en ayant un mode de vie qui me donne de la liberté.
Le sport aussi est hyper important. Ça te donne des challenges, une autodiscipline, ça booste ta motivation et ça agit surtout sur les hormones anti-stress qui sont importantes pour le métier d’acteur.
5) Est-ce que tu considères qu’apprendre à mieux se connaître est bénéfique pour mieux vivre ?
Je dirais même que c’est primordial. C’est d’ailleurs une des règles fondamentales dans la formation d’acteur avec le « Connais-toi, toi-même« de Socrate. Tu fais beaucoup d’erreurs quand tu ne te connais pas et tu perds beaucoup de temps. Mais c’est essentiel pour murir, affiner sa personnalité et sa maturité. Il n’y a pas d’échec, que des leçons.
« La meilleure méthode pour atteindre ses objectifs est de passer un certain temps au SAVOIR, puis de passer directement à l’ACTION en disant FERME TA GUEULE au cerveau JUGE. »
Le gros problème de cette époque est que les gens veulent des résultats sans passer à l’action, sans faire d’expériences et sans échouer. Ils sont constamment dans l’analyse et la réflexion mais hésitent trop à se lancer dans leur projet. Soit car ils ont peur de l’échec soit parce qu’ils manquent d’ambition, de confiance ou d’estime, mais surtout car ils se jugent sans cesse. J’appelle cela le « cerveau juge », celui qui t’auto-critique , te sabote et t’empêche d’agir.
Passer à l’action
Le savoir est facile à acquérir à travers les livres, les documentaires ou les discussions mais pour passer du savoir à la connaissance de soi, il faut expérimenter par L’ACTION en agissant sans la peur de l ‘échec. La meilleure méthode pour atteindre ses objectifs est de passer un certain temps au SAVOIR puis de passer directement a l’ACTION en disant FERME TA GUEULE au cerveau JUGE.
Pour conclure, dès que le cerveau juge te regarde, il faut se retourner vers le cerveau ACTION. Faire une action qui n’est pas de l’ordre de l’analyse ou du savoir. Vous pouvez par exemple écrire, vous filmer, vous entraîner. Et c’est seulement après avoir AGIT et terminé votre action que vous demanderez son avis au cerveau JUGE. C’est ce qu’on appellera le discernement ou le recul.
6) Dans ton quotidien, qu’est-ce qui t’aide à prendre les décisions justes et à avoir confiance en toi ?
Je tente de me recentrer sur ce que je veux. Souvent on est dans des schémas de réflexe alors qu’il faudrait toujours se recentrer sur ce qu’on veut. Je me demande ce qui est bien pour moi, pour ma famille, mon environnement, sans trop rester centrer sur moi-même. Des décisions cohérentes par rapport à mon mode de vie.
Avant je fumais de la beuh le soir, mais je savais que ça me coupait de 50% de mes capacités. J’ai décidé de changer mon quotidien, d’avoir de nouvelles habitudes et de reprogrammer mon cerveau.
Si j’avais un conseil à donner ce serait de faire pleins de nouvelles choses entre 20 et 30 ans. Arrivé à 30-35 ans, la vie défile trop vite. Après la quarantaine, t’as dépassé la moitié de ta vie et c’est plus dur de changer tes habitudes. Donc vaut mieux prendre des bonnes habitudes et planter ses graines le plus tôt possible.
7) Pour continuer à évoluer sur le plan personnel et professionnel, quelles sont tes aspirations ?
Continuer à vivre de mon métier d’acteur et idéalement avoir à coté une activité qui me permettrait de vivre correctement si je n’ai pas mon statut d’intermittent du spectacle. J’ai mis en activité des formations et si j’en vendais 3 ou 4 par mois j’en vivrais. Même si j’aimerais bien atteindre une dizaine par mois. C’est une formation en ligne qui coûtera entre 300 et 400 euros, avec des vidéos théoriques et pratiques pour devenir acteur comme si t’avais fait une école de théâtre.
Tu économises 3 ans d’école de théâtre dans ma formation comportant 10 leçons, avec différents chapitres et exercices à réaliser. Il y a tous les outils que j’ai appris depuis 20 ans. L’expression corporelle et vocale, les intentions de jeux, la transmission des émotions, la mémoire sensorielle, la gestion du stress, l’écoute et l’environnement, l’imagination et l’improvisation.
Évidemment, il faut mettre en pratique mes exercices sinon ça ne marchera pas. Mais ce qui est sûr c’est qu’en 2 mois, vous connaîtrez toutes les techniques pour vous rendre à des castings et DEVENIR acteur !
8) À toutes les personnes qui découvrent ton parcours de vie et qui cherchent à construire leur propre chemin, qu’aimerais-tu leur dire ?
Je pense qu’à force de connaître les galères, il faut accepter parfois de se faire aider. Se former, découvrir du savoir et tester les choses par soi-même. Moi par exemple je donne des outils pratiques, et bien-sûr il faut les utiliser ! Et si ça ne marche pas, à ce moment-là il faut tester autre chose. Mais il ne faut pas faire les choses à moitié.
C’est comme un metteur en scène, si tu lui fais confiance pour le film, tu lui fais confiance sur tout. Il faut partir sur une relation de confiance et si on se casse la gueule on se casse la gueule ensemble. Donc ce que je conseille aux personnes c’est que si vous sentez que ce que vous avez appris à l’école ne vous sert pas ou que vous n’avez pas envie de vous investir là-dedans, il faut se poser les bonnes questions. Plutôt que s’entêter, il peut être utile de prendre une période pour faire le bilan et vous demander si ce que vous faîtes vous plaît vraiment, et si vous avez suffisamment de liberté et d’autonomie.
Je vois un peu la vie comme un jeu. Il y a des barrières, des objectifs et des choix, mais il faut que les trois soient dosés autant les uns que les autres. C’est le triangle gagnant. Si tu le fais, tu te recentres vers ce que tu veux vraiment. Je pense qu’il faut au moins un an dans une entreprise avant d’avoir du recul sur ces trois éléments et décider de changer.
➡️ Avant de terminer, j’aimerais te proposer le jeu du portrait chinois ! C’est un jeu littéraire qui permet d’en savoir plus sur ta personnalité. Prêt ? 🎭
Si tu étais un animal tu serais ? Je pense que je serais un animal des fonds marins, du genre la pieuvre 🐙. Elle a un mode de survie qui est très compliqué mais c’est un animal très intelligent.
Si tu étais un super héros : un petit Wolverine 🧟♂️ je pense. Il n’est pas très intelligent mais il est sauvage, mystérieux, et un peu beau gosse !
Si tu étais un super pouvoir : voler 🌪, ouais voler car je crois que c’est le fantasme de tout être humain sur terre ! Ah non non je sais, la téléportation !
Si tu étais un défaut : l’entêtement 🤨, parce qu’il y a quand même du bon dans l’entêtement.
Si tu étais une qualité : La persévérance ✊.
La citation qui te caractériserait le mieux ? Une citation que j’ai inventée il y a quelques années : « Il est plus simple de trouver les défauts d’une personne pour s’en méfier que ses qualités pour l’aimer. »