En juillet 2017 lorsque je travaillais sur Paris chez Shapr, j’ai rencontré Aleksandra. Le plus drôle dans notre rencontre, c’est que nous avons justement « matché » sur cette application de networking ! L’année d’après, elle intervenait en tant que coach à l’ialeyon business game que j’ai co-organisé en 2018. Aujourd’hui, elle nous partage son expérience autour de la prise de parole en public et nous présente l’importance de la communication interpersonnelle.
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1) Est-ce que tu peux te présenter et nous raconter quel est ton parcours ?
Je suis franco-polonaise, originaire de Pologne où j’ai vécu 26 ans. À cette époque, j’ai suivi un français dont je suis tombée amoureuse. C’est un peu plus tard que je suis tombée amoureuse de la France. Aujourd’hui, j’y vis et j’ai construit ma carrière autour de ma passion qui est l’accompagnement et le coaching en prise de parole en public, que j’ai pu concrétiser à travers le cabinet SiIence.
Avant d’intégrer L’École Supérieure de Coaching à Paris et d’en être certifiée, j’ai exercé pendant plusieurs années un métier de gestionnaire de projets dans les domaines de la finance et de l’immobilier. Je me suis beaucoup impliquée dans cette entreprise, peut-être de manière trop excessive puisqu’à 30 ans j’ai fait un burn-out. Période difficile mais certainement révélatrice, elle m’a forcé à réfléchir à ce que je voulais faire de ma vie. Célibataire et sans enfant, je me suis dit : “si j’ai à prendre des risques, c’est maintenant.”
« Les techniques sont importantes car elles donnent envie d’investiguer sur le fond de ce que partage l’orateur. Mais il faut aussi travailler sur ce fond, l’intellectuel, la curiosité. »
J’ai réalisé que les règles imposées dans le monde corporate, ne convenaient pas toujours au déploiement de mes qualités ou de mes compétences. C’est donc une des raisons pour laquelle je me suis tournée vers les relations humaines en entreprise et la communication. Et plus particulièrement, vers la formation et l’accompagnement des personnes à la prise de parole en public.
2) Quels sont les enjeux et les challenges en tant que formatrice en prise de parole en public ?
Avec du recul, je peux déceler 2 challenges majeurs. Le premier c’est que malgré le fait que de plus en plus de personnes comprennent l’importance de la communication pour avoir une vie professionnelle et personnelle épanouie, elles manquent de motivation pour suivre des cours avec assiduité, en entreprise ou à la maison. La communication efficace n’est pas innée, il s’agit d’une compétence que chacun peut acquérir. Il faut simplement investir un peu de temps et avoir la volonté et ça ce n’est pas encore quelque chose de communément acquis. Et il y a encore beaucoup de personnes qui voudraient apprendre à mieux communiquer en deux cours. Ce qui limite l’investissement et en conséquence ne génère pas les résultats souhaités.
Le second, c’est que la communication et l’art oratoire ne sont pas simplement des techniques pour utiliser sa voix, paraître plus convaincant et faire adhérer à ses idées. Les techniques sont importantes car elles donnent envie d’investiguer sur le fond de ce que partage l’orateur. Mais il faut aussi travailler sur ce fond, l’intellectuel, la curiosité. Il est nécessaire d’affiner son état d’esprit pour s’autoriser à s’exprimer librement.
3) Qu’est-ce qui te motive le plus dans ton métier au quotidien ?
Ce sont ces petits moments que j’appelle les « moments de grâce », ces moments de prise de conscience et de déclic lorsque la personne voit ses propres capacités et prend confiance en elle. Cette prise de conscience est souvent très profonde et galvanise le coaché. C’est grâce aux déclics « je peux le faire » que je m’aperçois de la réussite que mon métier, ma passion, peut procurer. La confiance que cette personne m’a accordée me fait me sentir heureuse, et reconnaissante envers elle. Et cette affection-là, c’est la plus belles des récompenses !
4) Comment fais-tu pour trouver un équilibre entre ton activité professionnelle et tes projets personnels ?
C’est assez compliqué pour moi en ce moment. Je me retrouve aujourd’hui dans un moment où je gère plusieurs activités à la fois. D’un côté, je co-développe ma société Silence. Ceci demande de l’énergie, de la présence et du temps. De l’autre côté, en tant que formatrice, je me pousse moi-même à élargir mon savoir pour enrichir mes compétences et ma façon d’enseigner aux personnes ; mais aussi en tant que coach pour garder un équilibre si nécessaire dans ce métier.
Je me fais aussi coacher. J’ai besoin de comprendre ce que les personnes vivent, à travers mon accompagnement, et d’éveiller mon état d’esprit pour être toujours présente pour les autres. Développement d’entreprise, formations, coaching, et coaching pour moi-même, je n’ai que très peu de temps pour faire autre chose. Mais je le prends comme une aventure et cela me construit favorablement.
5) Considères-tu qu’apprendre à mieux se connaître est bénéfique pour mieux vivre ?
Je me demande parfois si cela n’est pas plus simple de vivre une vie moins consciente. Car la vérité c’est que, la quête du bonheur inconditionnel demande du temps et de l’investissement personnel. Mais j’ai choisi de suivre ce chemin. Pour moi, le « développement personnel » n’est pas forcément une quête d’amélioration, mais plutôt une quête de la découverte de la personne que je suis réellement.
Avec les années qui passent, les expériences de la vie accumulées (parfois difficiles), mes peurs, mes croyances ou encore quelques biais, je me suis éloignée de qui je suis véritablement. Mon vécu a façonné mon caractère. C’est aussi lui qui me pousse aujourd’hui à me redécouvrir, et à comprendre le monde qui m’entoure.
« Savoir ce que l’on aime faire, quels sont nos points forts et nos talents, peut nous aider à améliorer ou repenser notre carrière. »
Je vois la vie comme un océan dans lequel j’apprends à nager et à faire du surf. L’océan est parfois très calme et y surfer est simple et agréable. Et parfois les vagues sont violentes et agitées et me font tomber de la planche. La vie est une matière spirituelle plus grande que moi, et je ne peux la contrôler. Je peux en revanche maîtriser ma façon de vivre ce qui m’arrive (les vagues) : parfois je vais rester tétanisée et parfois je vais la surfer malgré la peur. Et même si je tombe, avec un peu de grâce ou même de manière maladroite, je vais retenter cette vague jusqu’à pouvoir enfin la maîtriser.
Avec cette vision de la vie, je me sens bien dans ma peau et je ne culpabilise pas de mes erreurs du passé ou d’aujourd’hui. C’est une philosophie de vie qui me permet d’accepter les imperfections et d’aller chercher la vérité. Améliorer mes comportements, ma façon de penser, et chercher ma sérénité dans l’amour, le respect et la volonté d’être quelqu’un de bien.
6) Qu’est-ce qui t’aide au quotidien à prendre les décisions justes et à avoir confiance en toi ?
Dans ma posture d’entrepreneure, cela nécessite une prise de décision au quotidien. Comme dans toutes les décisions à prendre, j’évalue les risques, les bénéfices et l’effort nécessaire pour atteindre les objectifs. Et au-delà de cette analyse, il est primordiale de savoir si la réalisation de ces objectifs me rapprocherait de ma vision du bonheur. Je me pose donc une question : “est-ce que dans 5 ans j’aurais toujours envie d’être qui je suis aujourd’hui et de faire ce que je fais aujourd’hui ?” En me demandant cela, je vérifie mon niveau d’enthousiasme et de ma motivation.
Je retrouve cet alignement dans Silence, le projet que je co-dirige. Mais en même temps, je sais que si les choses changent, je ne regretterais jamais mes décisions d’aujourd’hui. Je les prends en pleine conscience, en fonction de mes besoins, et tout en respectant les critères plus techniques que j’ai déjà évoqués. Avec du recul on peut toujours dire « j’aurais dû prendre une autre décision ». Car puisque la décision a été prise en pleine conscience, et avec les informations dont je disposais, alors je ne la regrette jamais. C’est en pensant de cette manière que je peux cultiver la confiance en moi.
7) Pour continuer à évoluer sur le plan personnel et professionnel, quelles sont tes aspirations ?
Coté professionnel, c’est le projet Silence. Cette aventure me tient beaucoup à cœur car c’est véritablement un projet d’accompagnement des personnes qui cherchent à mieux communiquer avec elles-mêmes, et avec d’autres. J’investis donc mon être dans ce projet autour de la prise de parole. Et sur le plan personnel, je me laisse guider par deux valeurs les plus importantes pour moi : la liberté et l’amour. L’amour défini comme le respect de l’autre, de soi, l’alignement entre mes valeurs et mes actes. Je me vois entourée de ma famille et de mes amis, je me vois épanouie.
8) À toutes les personnes qui te lisent et qui cherchent à construire leur propre chemin, qu’aimerais-tu leur dire ?
J’aimerais leur dire deux choses. La première c’est se faire confiance ; simple à dire mais plus compliqué à le faire ! La vie vous a peut-être dévié de votre nature, de vos compétences principales ou la capacité à déployer vos talents. Cependant, si vous avez envie de vivre pleinement et en accord avec votre personnalité, autorisez-vous à vous poser la question, qu’aimez-vous réellement ? Qu’est-ce qui vous fait plaisir et pourquoi ? Comment les sentiments que vous aimez vivre pourraient s’avérer utiles aux autres ? Si vous pouvez répondre à ces questions, faites-en votre métier, votre passion ou votre passe-temps. Cela vous procurera un sentiment d’accomplissement que seul vous, pourrez-vous donner, en découvrant qui vous êtes réellement.
Et la seconde, c’est que les réponses ne seront pas forcément très complètes au départ. N’hésitez-pas à en parler avec vos amis ou votre famille pour qu’ils vous éclairent… Trouver sa valeur, comprendre son utilité aux autres peut permettre de se réconcilier avec son métier ou, trouver un moyen de vivre sa personnalité à travers un nouveau projet. Savoir ce que l’on aime faire, quels sont nos points forts et nos talents, peut nous aider à repenser toute notre carrière voire améliorer celle que nous avons déjà construite. Et c’est dans ce sens-là qu’il faut se faire confiance ! Car les réponses à ces questions, c’est vous qui pourrez les trouver en testant des choses. Prenez votre temps, et un jour, vous monterez sur la bonne vague !
➡️ Avant de terminer, j’aimerais te proposer le jeu du portrait chinois ! C’est un jeu littéraire qui permet d’en savoir plus sur une personnalité. Ça te tente ? 🎭
Si tu étais un animal tu serais ? Le dauphin 🐬 Car ce sont des animaux qui sont joyeux, énergiques, parfois solitaires mais qui ne peuvent pas vivre longtemps sans la communauté, et bons communicants dans le monde animalier.
Un super-héros : il faudrait que j’invente une héroïne 🧚♀️ J’aimerais avoir la capacité à rendre le monde plus doux, plus empathique et compréhensif.
Un super-pouvoir : envoyer des signaux d’amour 🔊 Et faire en sorte que chacun ait envie de faire preuve de bonne volonté, d’esprit d’équipe et de compréhension.
Un défaut : le perfectionnisme 🤭 Heureusement, j’ai compris il y a quelques années que c’était une émanation de mon besoin très profond d’acceptation de moi-même, et qu’en m’acceptant davantage, j’aurais plus besoin de la validation des autres.
Une qualité : la polyvalence 🤗 Savoir allier le côté concret pour mettre l’accent sur l’efficacité de la communication (performance) ; avec le travail de l’écoute et de la bienveillance pour comprendre l’état émotionnel de l’autre.
Et la citation qui te caractériserait le mieux ? « Be the change that you want to see in the world. » Gandhi.